On a découvert un oiseau perdu en Papouasie-Nouvelle-Guinée
L’Autour de Mayr (Accipiter princeps) n'avait encore jamais été photographié. Et comme son habitat est sous pression, c’est un habitué de la Liste rouge des espèces menacées de l’UICN. Depuis 1969, il y a donc 55 ans, personne n’avait plus documenté sa présence. Mais plus tôt cette année, l’impensable se produit : lors de notre mission en Papouasie-Nouvelle-Guinée, nous avons redécouvert et photographié l’endémique l'Autour de Mayr !
Nous sommes en mars 2024. Le photographe allemand Tom Vierus est en mission avec une équipe du WWF (WWF-Belgique et WWF-Pacifique) à Pomio, sur l'île de Nouvelle-Bretagne en Papouasie-Nouvelle-Guinée. Trois membres de la communauté locale guident le groupe à travers les forêts denses. Tom y photographie plusieurs oiseaux, y compris l’Autour de Mayr mais, sur le moment, personne ne réalise qu’ils viennent de faire une découverte !
C'est le célèbre ornithologue John Mittermeier, de l'American Bird Conservancy, qui a récemment confirmé que l'oiseau photographié était bien un Autour de Mayr (Accipiter princeps), espèce endémique à l'île de Nouvelle-Bretagne. « La dernière mention scientifique documentée de cette espèce semble remonter à juillet 1969 », explique Mittermeier. « Le spécimen en question est conservé au Musée américain d'histoire naturelle, à New York. Depuis lors, il y a eu quelques observations à l'œil nu, mais pendant 55 ans, l'espèce n'a pas été documentée par des images, des sons ou encore par un spécimen à conserver. »
© Tom Vierus
Tortues marines
Veerle Hermans, responsable du projet Papouasie-Nouvelle-Guinée au WWF-Belgique, réagit avec enthousiasme : « C'est évidemment très particulier de savoir que cette espèce d'oiseau a été photographiée pour la toute première fois lors d'une mission que nous avons organisée. Nous espérons que cela incitera à redoubler d'efforts pour protéger l'habitat de cette espèce, face aux menaces que représentent l'agriculture intensive, l'exploitation forestière et minière, et le développement des infrastructures. C'est sur ces menaces que nous allons concentrer notre nouveau projet. »
Portés par cette découverte extraordinaire, nous lançons aujourd'hui notre projet en Papouasie-Nouvelle-Guinée, une nouvelle écorégion pour WWF-Belgique. « En collaboration avec WWF-Pacifique, nous élargissons effectivement notre zone d'action jusqu'à Pomio, sur l'île de Nouvelle-Bretagne. », explique Veerle. « Nous allons aussi nous concentrer sur les tortues marines. À Pomio, on trouve au moins cinq des sept espèces existantes. Elles sont indispensables à nos écosystèmes marins, mais leurs chances de survie ont diminué au cours des deux cents dernières années en raison des activités humaines. Protéger les tortues de mer est essentiel pour un océan en bonne santé. »
Peu d'endroits stimulent l'imagination comme le fait la Papouasie-Nouvelle-Guinée. C'est un lieu qui abrite des espèces qu'on ne trouve nulle part ailleurs dans le monde. Cette biodiversité vertigineuse doit absolument être préservée.
Peuples indigènes
© Tom Vierus
Communautés indigènes se déplaçant en bateau à Pomio.
C'est à l'invitation des communautés locales et des représentant·es du gouvernement que le WWF commence à travailler à Pomio. Les peuples indigènes Mengen et Mamusi y vivent toujours selon leurs traditions ancestrales, qui sont étroitement liées à l'océan, aux forêts et aux rivières, qui constituent leur foyer. En travaillant en étroite collaboration avec ces communautés, nous espérons les soutenir et contribuer à protéger l'incroyable biodiversité de Pomio.
« Les recherches sur la biodiversité de l'île de Nouvelle-Bretagne n’en sont encore qu’à leurs balbutiements, ce qui laisse entrevoir un immense potentiel pour la découverte de nouvelles espèces. Mais c'est une course contre la montre pour les protéger, car la pression à laquelle elles sont exposées est importante », explique Veerle Hermans.
Forêt tropicale
© Tom Vierus
Pomio
La Papouasie-Nouvelle-Guinée abrite la troisième plus grande forêt tropicale au monde, après l'Amazonie et le bassin du Congo. Avec plus de 5 000 lacs, des systèmes fluviaux étendus, des zones humides, plus de 8 000 km de mangroves, de lagunes, de récifs coralliens et d'atolls, le pays est d'une diversité remarquable en termes d'espèces, de paysages et d'écosystèmes.
« Peu d'endroits stimulent l'imagination comme le fait la Papouasie-Nouvelle-Guinée. C'est un lieu qui abrite des espèces qu'on ne trouve nulle part ailleurs dans le monde. Cette biodiversité vertigineuse doit absolument être préservée », conclut Veerle Hermans.
Quelques animaux aperçus pendant notre mission